Suite à notre enquête sur Entreprendre, nous avons contacté Robert Lafont qui a accepté de nous répondre.
Quarante ans de direction sans faillite
En mai 2024, Robert Lafont cède le groupe Entreprendre, qu’il avait fondé quarante ans plus tôt. Quelques mois plus tard, il assiste à la chute brutale de l’entreprise : liquidation judiciaire, engagements non tenus, collaborateurs écartés… C’est dans ce contexte qu’il accepte de revenir sur son expérience. Et surtout, sur la chute de l’entreprise qu’il avait créé et défendu si longtemps.

“J’ai fondé ce groupe en 1984, à partir de rien. Je l’ai dirigée pendant quarante ans sans jamais connaître – malgré les difficultés de la presse – de problèmes financiers, ni dépôt de bilan, ni incidents.”, relate Robert Lafont. Une longévité qui a forgé l’image dans la profession d’un patron solide, habitué à tenir ses engagements. Mais depuis la cession du groupe le 6 mai 2024, les choses se sont accélérées.
« Depuis la vente, je n’ai plus de fonction dans l’entreprise, ni bureau, ni accès aux chiffres. Ce que je peux comprendre ; les repreneurs voulaient impulser une nouvelle dynamique. J’en étais conscient. Ils avaient une autre vision de l’activité. Ils venaient de reprendre juste avant Cayola média- BTP magazine. De plus, ils voulaient bâtir un groupe moderne plus puissant, plus numérisé avec de l’événementiel et de la communication digitale. Et c’était nécessaire. Moi, à 67 ans, j’étais plus un homme de presse écrite et il fallait opérer un changement. D’où le fait sans doute de m’écarter dans l’intérêt de l’entreprise et avec de nouvelles méthodes…”
Des méthodes en rupture
Au départ, l’ancien dirigeant s’est dit que cette remise à plat générale faisait partie de leur stratégie. « Même si elle était en rupture avec la nôtre et nos modes de management. Ils ont changé les concepts des magazines et fait venir de nouveaux cadres. C’est leur droit, mais n’ayant plus de fonction et quand j’ai vu qu’ils n’honoraient pas des engagements y compris à mon encontre sur les règlements, j’ai été obligé d’envoyer des lettres recommandées et ensuite d’assigner pour faire valoir mes droits.”
Licenciements et engagements non respectés, vers une image ternie
À cela s’ajoutent : “des licenciements de collaborateurs fidèles, certains avec plus de quinze ans d’ancienneté ». Mais aussi des engagements financiers non respectés et puis une volonté de faire place nette. Selon lui : ”beaucoup de papiers et d’articles du groupe ont été effacés des sites Internet, sans parler des bases de données… Ce qui est incompréhensible”. Une situation largement dégradée où Robert Lafont semble avoir été plus une victime : “je n’ai pas été payé comme prévu, alors que j’avais consenti à des conditions de paiement favorables. Aujourd’hui, j’essaie de faire valoir mes droits, mais avec la liquidation du groupe des repreneurs, je n’ai plus beaucoup d’espoir.”, se désole cet entrepreneur indépendant qui voit aujourd’hui sa réputation ternie. “J’ai toujours eu l’image d’un bon payeur auprès des fournisseurs. Les repreneurs ont profité de ce crédit, de cette confiance, pour mieux asseoir leur position.”