Bien que le secteur public représente une part importante du PIB français, les entreprises restent les principales créatrices de valeur ajoutée, et donc de croissance et d’emploi. La création d’entreprises est donc un enjeu majeur pour l’avenir économique et social du pays. Mais il est également important d’envisager la pérennité des entreprises existantes en leur permettant de poursuivre leurs vies lorsque leur fondateur souhaite se retirer. Une problématique cruciale alors que la majorité des dirigeants de PME, TPE et ETI sont désormais vieillissants…
Une préoccupation qui va bien au-delà des seules entreprises
Un quart des dirigeants d’entreprise en France a aujourd’hui plus de 55 ans, posant la question de leur départ dans les cinq à dix prochaines années. Et si les processus de succession des plus grandes entreprises, fortement encadrés en interne, posent peu de questions, il n’en est pas de même pour les PME, TPE et ETI, qui représentent l’immense majorité du tissu économique français. Or, une entreprise non-reprise induit une perte d’emploi, de savoir-faire ; et peu fragiliser un écosystème dépendant pour partie de ses commandes.
La fin d’une PME est également bien souvent une tragédie pour certains territoires, lorsque l’économie locale dépend de la vitalité de cette dernière. De fait, la question de la pérennité des entreprises après le départ de leur dirigeant est un sujet majeur, allant bien au-delà d’enjeux privés ; et représente même une problématique globale. Car les entreprises sont, à travers les salaires versés à leurs employés et la richesse produite les principaux soutiens du modèle économique et social français. Sans entreprises, comment financer le système de redistribution, les retraites ? Comment relever les défis que pose le contexte économique alors que plus de 40 000 entreprises cherchent un repreneur cette année ? La question de la transmission des entreprises est, à bien des égards, un des enjeux centraux des prochaines années.
Un réel besoin de sensibilisation

Pour bien se dérouler, la transmission d’une entreprise doit être soigneusement anticipée, et le dirigeant doit se poser de multiples questions. À qui céder, pour quelle somme, selon quelles modalités, autant d’interrogations cruciales, qui conditionnent en grande partie la pérennité de leur entreprise une fois qu’ils l’auront quitté. Autant de questions qui relèvent parfois de l’intime pour des dirigeants qui ont consacré une très large part de leurs vies à leur travail, et qui ne sauraient se résoudre en quelques instants. Or, bien des chefs d’entreprises n’anticipent pas cette étape.
« Nous échangeons en permanence avec les entreprises partout en France via notre réseau de 50 implantations, et nous avons pu constater que plus d’un quart des dirigeants susceptibles de devoir passer la main dans les cinq prochaines années n’ont absolument pas entamé cette réflexion, pourtant essentielle » indique ainsi Éric Versey, Directeur exécutif en charge du Financement et du Réseau de Bpifrance.
Les équipes de Bpifrance et leurs partenaires mènent donc un important travail de sensibilisation sur l’ensemble du territoire français, en métropole et outremers. Ceci a pour but d’informer les dirigeants de l’importance d’anticiper ce moment crucial de leurs existences et de celles de leurs entreprises.
La transmission : un processus complexe et multidimensionnel
Mais si la sensibilisation constitue une première étape indispensable, elle ne saurait suffire. La transmission d’entreprise est en effet un processus complexe, qui implique des considérations juridiques, fiscales et financières, mais aussi ─ et parfois surtout ─ humaines. Le cédant doit être accompagné afin d’identifier la meilleure stratégie. Que ce soit à travers une cession familiale, une reprise par les salariés, ou encore une transmission à un repreneur extérieur. Mais aussi savoir quels sont les leviers les plus adaptés à chacune de ces situations et comment les utiliser au mieux. Recourir au pacte Dutreil s’impose par exemple dans le cadre d’une transmission familiale, mais doit faire l’objet d’une attention particulière selon la situation de la famille.
Des acteurs multiples pour accompagner les cédants
À l’instar de Bpifrance, les chambres de commerce et d’industrie, les réseaux d’accompagnement, les banques et autres cabinets spécialisés sont autant d’interlocuteurs à même d’accompagner les entrepreneurs cédants dans ces démarches. Mais pour Éric Versey, si l’anticipation participe à la réussite d’une transmission, elle n’en garantit en aucun cas le succès : « Il s’agit d’un processus au long cours, et l’alignement des intérêts entre les cédants et repreneurs n’est jamais une certitude, ce qui rend à mon sens crucial le rôle de tiers de confiance que peut exercer Bpifrance dans ces opérations ; qu’il s’agisse d’une transmission familiale, d’une cession classique ou d’une opération de haut de bilan ».
Un besoin d’accompagnement global pour relever les défis de l’avenir
Si les cédants ont bien sûr besoin d’être accompagnés dans leurs démarches et réflexions, il en est de même pour les repreneurs. Bpifrance s’appuie sur son réseau de chargés d’affaires connaissant parfaitement les écosystèmes locaux comme sur ses équipes de la Direction Conseil et ses partenaires pour apporter son soutien aux repreneurs. « Notre mission est d’accompagner les entreprises, aussi bien en leur apportant des financements ─ et en restant bien sûr attentifs à la pertinence et à la solidité des projets ─ qu’en leur prodiguant les conseils dont elles ont besoin. Bien des dirigeants de PME ou d’ETI sont en effet des experts de leurs métiers, mais sont parfois peu à l’aise avec les questions d’ingénierie juridique ou financières ; et notre offre de conseil et d’accompagnement rencontre un vrai succès » précise Éric Versey.
Le financement : un enjeu clé pour créateurs et repreneurs
C’est toutefois le financement qui reste aujourd’hui une des principales gageures pour les créateurs et repreneurs d’entreprises. Dans un contexte international et tricolore parfois troublé, tant du point de vue économique que politique, les banques sont en effet prudentes. Les dispositifs mis en place par Bpifrance, tels que les prêts d’honneurs aux créateurs d’entreprises, les financements de transmission, les garanties ou les participations directes minoritaires, sont par conséquent un vrai soutien pour les entreprises qui en bénéficient. Rien qu’en Garantie et crédits octroyés, ce sont plus de 800 M€ qui ont été mobilisés au profit de 2500 entreprises au premier semestre 2025.
Assurer la pérennité et préparer l’avenir
Cependant, l’accompagnement à la transmission d’entreprise ne saurait se réduire aux seules étapes de la préparation et de la réalisation des opérations. Le véritable enjeu des transmissions est bien celui de la pérennité des entreprises, cruciale du point de vue de la solidité du modèle économique français et de la souveraineté. Ces transmissions sont donc une opportunité pour leur donner les moyens d’affronter avec sérénité les défis de demain, comme ceux du changement climatique et de la transition énergétique, sur fond du nécessaire besoin de réindustrialisation du pays pour permettre à tous ses territoires de conserver leur vitalité et leur attractivité.