La santé mentale des salariés devient une priorité économique et sociale. Une étude inédite du cabinet Asterès, menée pour les Acteurs de la French Care et la MGEN, révèle que les troubles psychiques touchent 3,4 millions d’actifs en France. Et surtout, qu’ils coûtent près de 25 milliards d’euros par an. Ces chiffres, présentés à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, ce 10 octobre, illustrent un enjeu majeur pour la compétitivité et la qualité de vie au travail.
Un coût global estimé à 24,7 milliards d’euros par an
Selon l’étude, 60 % du coût de la santé mentale est supporté par l’Assurance Maladie, 31 % par les employeurs et 9 % par les complémentaires. Ce poids économique représente près de 4 % du PIB européen, selon l’OCDE. Mais au-delà des chiffres, ce sont des réalités humaines préoccupantes. 20 % des arrêts maladie sont liés à des troubles psychiques, et près d’un salarié sur deux dit avoir déjà connu un stress intense ou un risque psychosocial au travail.
Les conséquences pour les entreprises sont considérables : baisse de productivité, absentéisme, turnover et perte d’engagement. La santé mentale n’est plus seulement un sujet de bien-être, mais un levier stratégique de performance durable.
Les femmes, particulièrement exposées
L’étude montre que 1,9 million d’actifs consomment des psychotropes sans diagnostic. Parmi eux, les femmes sont les plus touchées : 6,5 % des femmes actives contre 3,6 % des hommes. Les premières sont davantage concernées par les troubles anxieux et dépressifs, tandis que les seconds le sont par les troubles addictifs. Ces disparités rappellent l’urgence d’une approche différenciée selon les publics et les environnements professionnels.
Prévenir plutôt que subir : dix leviers d’action
Pour Antoine Tesnière, président des Acteurs de la French Care, “il est urgent d’investir dans la prévention et l’accompagnement des salariés”. Le rapport propose 10 recommandations concrètes :
- Déployer une politique de prévention durable en entreprise, intégrant ateliers, applications numériques et bilans réguliers.
- Mieux dépister les signaux précoces : près de 40 % des troubles ne sont pas codifiés aujourd’hui.
- Former les managers aux signaux faibles et développer les Premiers Secours en Santé Mentale (PSSM).
- Favoriser la reprise progressive après un arrêt maladie.
- Promouvoir l’activité physique, qui réduit de 30 % les symptômes anxieux et dépressifs.
- Encourager les solutions numériques pour lutter contre l’isolement, notamment chez les télétravailleurs.
Ces mesures visent à instaurer une culture de la prévention sur le long terme, où la santé mentale est reconnue comme un actif immatériel au même titre que la formation ou la RSE.
Une coopération public-privé exemplaire
Le partenariat entre la MGEN et les Acteurs de la French Care illustre la puissance du collectif. Ensemble, ils souhaitent transformer les pratiques et replacer la santé mentale au cœur du développement économique responsable. Comme le résume Jérémie Sécher (MGEN) : “Il n’y a pas de santé sans santé mentale. C’est un prérequis à l’épanouissement personnel et professionnel.”
La présentation de cette étude, le 26 novembre 2025 à PariSanté Campus, devrait marquer une étape clé pour faire de la santé mentale au travail un pilier durable du progrès économique français.