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Uluu : quand les algues remplacent le plastique

Par Alexandre Foumangoye | Publié le 13/11/2025

La start-up australienne Uluu vient de lever 16 millions de dollars australiens. Le pari est audacieux : remplacer le plastique par un matériau naturel issu des algues marines. Une innovation écologique qui séduit déjà. Comme de grands noms de la mode, de la cosmétique et de l’automobile, comme Quiksilver, Papinelle ou Audi.

Une levée stratégique pour changer d’échelle

Basée à Perth, en Australie-Occidentale, Uluu transforme les algues en polymères naturels appelés PHA (polyhydroxyalcanoates). C’est une alternative biodégradable et compostable aux plastiques issus du pétrole. Cette levée de fonds de série A, menée par le fonds allemand Burda Principal Investments et soutenue par Main Sequence, Novel Investments et plusieurs investisseurs à impact, permettra de passer d’un site pilote de 100 kg/an à une usine de démonstration de 10 tonnes/an.

Pour Michael Kingsbury, cofondateur et codirecteur général d’Uluu, « cette étape marque le passage à la production à grande échelle ». L’usine devrait livrer ses premiers volumes commerciaux dès 2026, ouvrant la voie à une véritable industrialisation de la matière.

Des matériaux propres et performants

Le matériau développé par Uluu se distingue par ses propriétés techniques équivalentes aux plastiques conventionnels : il est solide, léger, étanche et non toxique. Surtout, il peut être recyclé, composté à domicile ou biodégradé en milieu marin, sans libérer de microplastiques.

L’impact environnemental est remarquable : la production d’un kilo de matériau Uluu séquestre jusqu’à 5 kg de CO₂. Ou quand un kilo de plastique fossile en émet environ 3. Selon l’entreprise, une adoption massive de cette technologie pourrait réduire les émissions mondiales de CO₂. Et cela de plus de deux gigatonnes par an.

Pour Julia Reisser, cofondatrice et chercheuse en océanographie, les algues sont « parmi les ressources les plus durables de la planète ». Elles poussent rapidement, puisent leur énergie du soleil et de la mer, et captent le CO₂ tout en purifiant les océans. Le pari d’Uluu est donc double : dépolluer les mers et décarboner l’industrie plastique.

Un avenir industriel prometteur

Créée en 2021, Uluu emploie aujourd’hui 23 personnes et s’est fait remarquer à l’international en remportant le SXSW Innovation Award 2025 à Austin, au Texas. Après quatre années de R&D, l’entreprise se prépare désormais à la construction d’une usine commerciale. Son procédé, inspiré du brassage de la bière, combine fermentation et biomasse d’algues pour créer une matière première renouvelable et circulaire.

Cette approche attire de plus en plus d’investisseurs et de marques désireuses d’intégrer des matériaux écologiques dans leurs produits. Dans un monde où les plastiques issus du pétrole représentent encore plus de 390 millions de tonnes par an. Uluu s’impose comme une alternative crédible, durable et économiquement viable.

En conjuguant science marine, innovation industrielle et engagement écologique, la start-up australienne illustre une nouvelle génération d’entreprises où la performance s’allie à la durabilité. L’âge d’or du plastique fossile touche peut-être à sa fin — et il se pourrait bien qu’il soit remplacé… par des algues.