Le Cabinet Jeantet, c’est plus de 100 ans d’existence. Et une vision du métier nourrie par plusieurs générations d’avocats attachés à trouver des solutions pragmatiques pour leurs clients. Rencontre avec Maître Catherine Saint Geniest, avocate associée en charge du droit immobilier et Co-Managing Partner de Jeantet depuis 2019.
Dans un marché immobilier où vendeurs et acheteurs ont des attentes très éloignées, quelles solutions juridiques privilégiez-vous pour sécuriser la transaction sans en dégrader la valeur pour vos clients ?
C.S-G : « Une des particularités du marché actuel est la difficulté à faire aboutir les opérations. Nous nous attachons tout particulièrement à encadrer les conventions, à prévoir les situations de défaillance de la partie adverse et à suivre pas à pas chaque étape pour lever au plus vite les conditions préalables ou suspensives. Mais aussi révéler et résoudre immédiatement chaque problématique ».
Quel est le point-clé qui permet de juger si l’opération va aboutir ? Un financement solide sur le plan juridique ?
C.S-G : « Le financement fait bien sûr partie des incertitudes, encore plus au cours de ces dernières années. Il s’agit de faire les vérifications nécessaires et de mettre en place des garde fous très en amont ».
Les investisseurs exigent désormais un “plan de verdissement” crédible pour chaque actif immobilier. Comment encadrez-vous cet engagement pour qu’il soit à la fois ambitieux et juridiquement tenable ?
C.S-G : « En temps de crise, la performance énergétique est souvent reléguée au second plan. On voit que la règlementation est à l’arrêt sur de nombreux aspects… Alors que les bâtiments sont les principales sources d’émissions de CO2 et de consommation énergétique mondiale. Les plans de travaux dans le cadre du décret tertiaire sont en place pour l’échéance 2030, la question sera beaucoup plus difficile pour les échéances 2040 et 2050. S’agissant des logements, la question est plus complexe compte tenu de l’éparpillement des propriétaires et aussi du manque de logements qui ne permet pas aux candidats à la location ou à l’acquisition d’être très sélectifs dans leurs choix ».
Beaucoup de projets de transformation d’actifs échouent très tôt. Quel est l’obstacle juridique que vous identifiez le plus souvent ?
C.S-G : « Ce type de transformation est toujours une opération délicate. Contrairement aux annonces régulières des pouvoirs publics, les règles d’urbanisme ne favorisent pas les changements de destination. Les mairies ne sont pas toujours favorables aux projets présentés, notamment pour les raisons de collecte fiscale ; les recours contre les autorisations de construire bloquent les opérations pendant un temps si long qu’ils mettent financièrement les opérations en péril. Enfin, l’emplacement est majeur et celui qui est défavorable à des bureaux n’est pas forcément plus favorable pour de l’habitation ou pour une résidence de services. L’analyse en amont est essentielle ».
Sur les opérations cross-border, les attentes des investisseurs internationaux se sont durcies. Quelles garanties supplémentaires devez-vous aujourd’hui intégrer systématiquement dans vos deals immobiliers ?
C.S-G : « Nous devons tenir compte de la prudence des investisseurs (légitime dans le marché actuel) ; il s’agit de bien vérifier ces attentes dès le début de l’opération afin de ne pas avancer sans être certain de pouvoir y répondre ».
Comment voyez-vous le rôle du cabinet à terme ?
C.S-G : « La réactivité et l’agilité continueront d’être une exigence très forte des clients. Nous allions une spécialisation pointue des équipes et une vision globale des problématiques. L’avocat est amené à devenir un business partner pour ses clients, pas seulement un technicien mais une sorte de vigie, capable de les conseiller sur du long terme comme d’agir en tant que « pompier » pour traiter une situation d’urgence. Et puis, nous devrons, quelle que soit notre spécialité, être en pointe sur des sujets comme l’IA, la RSE ou les problématiques éthiques. La réputation du cabinet Jeantet, son esprit entrepreneurial, le dynamisme de ses équipes qui travaillent avec des outils performants et un réseau mondial de cabinets, une même vision de l’entreprise et du métier, voilà ce qui fait et continuera à faire notre force dans les prochaines années ».


