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Déforestation des forêts tropicales : quelles conséquences pour la biodiversité ?

Par Sarah Hellec | Publié le 17/06/2025

Une étude menée par une équipe internationale de chercheurs, notamment du laboratoire AMAP (Université de Montpellier et INRAE), met en lumière les impacts profonds de la déforestation et de la dégradation des forêts tropicales. Publiée dans Nature Ecology & Evolution, cette recherche montre que ces pressions humaines modifient la composition des forêts, au point d’appauvrir leur diversité fonctionnelle. 

Un équilibre naturel fragilisé 

En analysant 271 parcelles de forêts en Amazonie et dans les forêts atlantiques brésiliennes, les scientifiques ont observé que certaines espèces dites « opportunistes » prennent le dessus. Ces arbres poussent vite, produisent beaucoup de graines, et se répandent facilement grâce aux petits animaux comme les oiseaux ou les chauves-souris.

En revanche, les espèces aux graines plus grosses – souvent dispersées par des animaux de grande taille – déclinent fortement. Résultat : la diversité des fonctions assurées par les plantes diminue, ce qui fragilise les équilibres naturels.

Des effets sur les services rendus par les forêts

Ces changements ne sont pas sans conséquences. Ils peuvent modifier des processus clés comme le cycle du carbone, la régénération des forêts ou encore les relations entre la faune et la flore. En clair, les forêts tropicales risquent de perdre une partie de leur capacité à stocker le carbone, à filtrer l’air, ou à accueillir la biodiversité. 

La forte influence de la dégradation des forêts dans certaines régions amazoniennes démontre l’importance de lutter contre les perturbations forestières, telles que l’exploitation forestière sélective et les incendies, ainsi que la déforestation”, souligne le professeur Jos Barlow, de l’université de Lancaster. 

Déforestation, fragmentation et incendies en cause

L’étude rappelle aussi que la simple perte de surface forestière n’est pas le seul problème. La fragmentation des paysages et les perturbations locales, comme l’exploitation forestière, les feux ou la chasse, jouent un rôle majeur. Ces effets sont souvent difficiles à mesurer, car ils ne se voient pas forcément dans le nombre d’espèces, mais dans leur fonctionnement. 

Il existe un large consensus sur l’impact négatif de la perte d’habitat sur la biodiversité, mais les effets indépendants de la fragmentation des paysages et des perturbations locales sont encore mal compris et très discutés, notamment à cause de la difficulté de démêler relations de causes-à-effets d’une part et associations non causales d’autre part”, explique David Bauman, chargé de recherche IRD au laboratoire AMAP et co-auteur de l’étude.

Pour les scientifiques, il est urgent de renforcer la protection et la restauration des forêts tropicales. Car ces forêts sont essentielles à l’équilibre climatique de la planète et au bien-être de millions de personnes. Mieux comprendre comment elles réagissent à la pression humaine permettrait de mieux les protéger, notamment en adaptant la gestion des paysages tropicaux.