Longtemps présentée comme une pièce maîtresse de la transition énergétique, la filière hydrogène française traverse une zone de turbulences. Alors que l’État a engagé plusieurs milliards d’euros pour soutenir son développement, la Cour des comptes tire la sonnette d’alarme : malgré les ambitions affichées, les résultats peinent à convaincre, entre coûts encore très élevés et débouchés industriels incertains.
Des investissements massifs… pour quels résultats ?
Depuis 2020, la France a mis en place un vaste plan hydrogène destiné à soutenir la recherche, la production et l’émergence d’écosystèmes locaux. Objectif : produire un hydrogène « vert », issu d’énergies renouvelables, pour décarboner des secteurs comme l’industrie lourde ou la mobilité. Mais quatre ans plus tard, le constat est mitigé.
Les projets, nombreux sur le papier, se heurtent à des coûts de production toujours très élevés, rendant l’hydrogène peu compétitif face à d’autres énergies. Quant aux usages industriels censés tirer la demande, ils peinent à se structurer : le transport routier lourd et l’industrie chimique restent encore frileux à s’engager à grande échelle.
Recentrer les aides sur les usages les plus pertinents
Face à ces difficultés, le gouvernement souhaite désormais revoir sa stratégie. L’idée : concentrer les subventions publiques sur les projets les plus concrets, capables de prouver leur compétitivité dans un délai raisonnable. Parmi les priorités identifiées : les besoins en hydrogène dans la sidérurgie, la production d’ammoniac ou encore certains segments du transport collectif.
Cette nouvelle approche vise à éviter un éparpillement des financements sur des projets encore trop expérimentaux, tout en assurant des retombées industrielles et environnementales tangibles.
Les acteurs du secteur attendent une vision claire
Pour les entreprises de la filière, la question n’est pas seulement celle des moyens, mais aussi de la clarté des objectifs. Producteurs d’équipements, développeurs de projets et industriels utilisateurs appellent à une feuille de route plus lisible, qui fixe des priorités et des échéances crédibles.
Malgré ces incertitudes, tous s’accordent à dire que l’hydrogène reste une brique stratégique pour atteindre la neutralité carbone. Mais pour passer du statut de « technologie du futur » à celui de filière rentable et mature, la France doit désormais faire des choix plus sélectifs, et accompagner les acteurs vers des marchés viables.
L’hydrogène reste une promesse forte pour décarboner l’économie. À condition de mieux aligner ambitions, financement et réalité économique, pour transformer les milliards investis en résultats concrets.

