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Barclays relève Vodafone sur les synergies de fusion au Royaume-Uni

Par Alexandre Foumangoye | Publié le 08/12/2025

La banque d’investissement britannique Barclays Capital a relevé lundi 8 décembre 2025 sa recommandation sur Vodafone Group, passant de « pondération neutre » à « surpondérer », avec un objectif de cours porté à 120 pence contre 100 pence précédemment. Cette révision à la hausse s’appuie sur les attentes d’un redressement stratégique après des années de baisse des bénéfices, et surtout sur les synergies attendues de la fusion avec Three UK, finalisée en juin 2025. Un signal fort qui témoigne de la confiance renouvelée des analystes dans le baobab britannique des télécommunications.

Une fusion qui rebat les cartes du marché britannique

La fusion, achevée le 31 mai 2025, a créé VodafoneThree, détenu à 51% par Vodafone et 49% par CK Hutchison Group (propriétaire de Three UK). Cette opération, valorisée à près de 16 milliards de livres sterling (environ 19 milliards d’euros), donne naissance au plus grand opérateur mobile du Royaume-Uni avec 27 millions de clients, devant BT/EE et Virgin Media O2.

Dans le « sans fil » britannique, l’entité combinée Vodafone-Three détenait environ 32% de part de marché totale d’abonnés au troisième trimestre 2025, positionnant le nouvel ensemble comme leader incontesté du secteur. Cette concentration à trois opérateurs majeurs (au lieu de quatre auparavant) transforme profondément la dynamique concurrentielle du marché britannique.

La fusion a été approuvée en décembre 2024 par la Competition and Markets Authority (CMA), l’autorité britannique de la concurrence, après de longues négociations et sous conditions strictes : investissement de 11 milliards de livres dans les infrastructures 5G d’ici 2035, extension de la couverture 5G à 99% de la population britannique d’ici 2034, et maintien des tarifs MVNO (opérateurs virtuels) pendant trois ans.

700 millions de livres de synergies annuelles attendues

Le cœur de l’optimisme de Barclays repose sur les synergies massives promises par l’opération. L’entreprise combinée devrait générer des synergies de coûts et de dépenses d’investissement de 700 millions de livres sterling par an d’ici la cinquième année après la finalisation, et la transaction devrait être relutive pour le flux de trésorerie disponible ajusté de Vodafone à partir de l’exercice 2029.

Ces synergies proviendront de plusieurs sources : mutualisation des réseaux (élimination des doublons de sites), rationalisation des équipes (réduction des effectifs administratifs et commerciaux), optimisation des achats (pouvoir de négociation accru auprès des équipementiers comme Ericsson, Nokia, Huawei), et partage des investissements 5G (un seul réseau à déployer au lieu de deux).Vodafone a déjà surperformé son secteur cette année avec des gains de 46% contre 13% pour le secteur plus large des télécommunications, porté par l’amélioration des tendances opérationnelles et la stabilisation des prévisions de bénéfices.

L’action, qui cotait 94 pence début décembre, offre donc selon Barclays un potentiel de hausse de 27,8% par rapport au nouvel objectif de 120 pence.

Un momentum retrouvé sur le marché britannique

L’entreprise entre en 2026 avec de l’élan, affichant une croissance organique du chiffre d’affaires des services de 5,7% en glissement annuel au premier semestre fiscal et un EBITDA qui devrait se situer dans la fourchette haute des prévisions de 11,3 milliards à 11,6 milliards d’euros, selon les analystes de Barclays.

Le marché britannique, longtemps perçu comme mature et peu porteur de croissance, redevient le principal moteur de performance du groupe. La fusion avec Three débloque non seulement des économies massives mais accélère également le déploiement de la 5G, technologie cruciale pour les usages futurs (Internet des objets, voitures connectées, industrie 4.0).

Barclays prévoit que le retour sur capital employé atteindra 5,3% pour l’exercice 2027 et 5,7% pour l’exercice 2028, signalant une amélioration progressive de la rentabilité des capitaux investis, métrique essentielle pour un secteur capitalistique comme les télécommunications.

L’Afrique et la Turquie, relais de croissance sous-estimés

Au-delà de l’Europe, Vodafone génère des performances solides sur ses marchés émergents, particulièrement en Afrique (Égypte, Afrique du Sud, Ghana, Tanzanie) et en Turquie, où la pénétration mobile et data reste très dynamique. Ces zones géographiques affichent une croissance de l’EBITDA à deux chiffres, fournissant un soutien crucial à la performance consolidée du groupe.

Cependant, ces marchés représentent également des risques : volatilité des taux de change (affectant environ un tiers de l’EBITDA consolidé selon Barclays), instabilité politique potentielle, et réglementations parfois imprévisibles dans certains pays africains.