Le ministre de la Justice Gérald Darmanin est visé par une plainte d’un collectif de 29 avocats. En effet, le collectif reproche au garde des Sceaux d’avoir eu la démarche de partir voir l’ex-président Sarkozy à la prison de la Santé. Une décision, selon eux, qui brouille la ligne entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire.
L’amitié au mépris de l’indépendance judiciaire
« Le ministre de la Justice peut aller voir n’importe quelle prison et n’importe quel détenu quand il le souhaite […] il faut faire attention à la sécurité d’un ancien président dans la prison de la Santé ». Ces mots, ce sont ceux du ministre de la Justice Darmanin en prélude de l’incarcération de l’ex-président de la République Nicolas Sarkozy. En effet, le ministre de la Justice est un ami de longue date du président Sarkozy. Il est également son porte-parole lors de la campagne de la présidence de l’UMP en 2014.
À l’époque, Sarkozy disait le voir tous les trois mois dans ses bureaux rue de Miromesnil, à Paris. Mais alors que la justice tranche pour une incarcération ferme pour l’ancien maire de Neuilly-sur-Seine, le ministre de la Justice envoie un message assez défavorable en ce qui concerne l’État de droit.
En effet, comme l’évoque le collectif d’avocats ayant porté plainte, « En s’exprimant publiquement quant à sa volonté de rendre visite à Nicolas Sarkozy en détention ainsi qu’en lui apportant implicitement son soutien, Gérald Darmanin a nécessairement pris position dans une entreprise dont il a un pouvoir d’administration ou de surveillance en tant que supérieur hiérarchique du parquet.”.
Un garde des Sceaux au carrefour de l’éthique
Les 3 pouvoirs (législatifs, judiciaires et exécutifs) sont les 3 sceaux qui permettent de conserver une certaine éthique dans la manière de gouverner un pays. Or ici, ce qui l’on reproche au garde de sceaux est de brouiller la piste entre le judiciaire et l’exécutif. En effet, les magistrats et juges peuvent sentir sur eux une sorte de pression bien qu’implicite. « Gérald Darmanin, même s’il n’a pas de pouvoir de décision quant à la position du parquet dans l’affaire, a un pouvoir implicite du fait de son statut de supérieur hiérarchique. Il a donc, sans nul doute, un pouvoir de surveillance ou d’administration inhérente à sa qualité de ministre de la Justice » écrit la plainte.
Pour Jérôme Karsenti, le ministre de la Justice se rend coupable d’une « atteinte grave » et « perd pied » comme nul autre de ses prédécesseurs. « Qu’un garde des Sceaux perde pied à ce point là dans notre histoire constitutionnelle, au point de confondre ses amitiés, ses intérêts personnels avec ses missions régaliennes est extrêmement grave pour l’état de droit ».
Du côté du ministère de la Justice, aucun commentaire est fait. Gerard Darmanin assure visiter des prisons françaises “toutes les semaines” pour s’assurer de leur fonctionnement.
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