45 % contre 25 % en 2005. C’est la proportion actuelle de bars-tabacs tenus par la communauté asiatique depuis une vingtaine d’années. Un chiffre qui démontre une volonté pour cette diaspora silencieuse de s’imposer sur un marché en perte de vitesse. Zoom.
Le bar-tabac, monument français
Le bar-tabac est un réseau social bien avant l’arrivée de Facebook, Instagram et consorts. Un lieu de sociabilité où ragots se mêle avec le Loto. Après la 2de guerre mondiale, la communauté juive va investir massivement dans les bars-tabacs. Une manière pour eux de pouvoir se réintégrer économiquement.
Plus tard, les Auvergnats, jusqu’au milieu des années 80, prendront le contrôle à 80, voire 90 % du business. Pour beaucoup, posséder un bar-tabac est une porte d’entrée à l’économie française.
Les Chinois entament, ensuite, une razzia au début des années 2000-2010. Une arrivée sur le marché fulgurante, bien préparée en amont.
Les “wenzhou rèn”
L’arrivée de la communauté chinoise sur le marché français a été faite de manière méthodique et organisée. Tout d’abord sur le marché de la restauration notamment sur le désormais célèbre 13e arrondissement. Acheter du foncier en France est un gage de sécurité pour cette communauté dont les fluctuations du parti Communiste en place ne permettent la mise de ce genre d’initiatives.
Donc, dans les années 80, arrive une grosse communauté venue de Wenzhou, une ville portuaire au Sud-Est de la Chine. Ils se lancent d’abord dans le textile, la restauration, puis se lancent à l’assaut des bars-tabacs. Réputé pour une diaspora très soudée, le mode de financement de ces achats de bars-tabacs fonctionne grâce au “hui”. Le hui est une sorte de tontine qui permet de faire circuler l’argent par un système de prêt entre proches. Pas de banque, inspiré seulement sur la confiance, le “hui” permet à de nombreuses d’acquérir.
Un système que l’on peut retrouver en Afrique subsaharienne également. En République Démocratique du Congo, cela se nomme “likelemba”.
Devant les banques également, la communauté chinoise paraît plus crédible pour les accords de prêts. En effet, l’acquisition d’un commerce “bar-tabac Française des jeux” reste relativement assez cher : Selon l’emplacement et le chiffre d’affaires, le coût varie entre 200 000 à plus d’un million d’euros, voire plus.
Cela comporte 33 % du fonds de commerce, et 25 % du besoin total du commerce.
Un relationnel à améliorer
Si côté chiffres, les bars-tabacs respirent mieux depuis la période COVID, aujourd’hui un axe d’amélioration est à souligner : comme évoqué tantôt, le bar est synonyme de sociabilité et d’interaction. Aujourd’hui, si la communauté chinoise assure dans le service, certains usagers leur reprochent leur manque de proximité avec leurs clients, due à une certaine froideur.
Certains sont même prêts à aller dans un bar plus loin rien que pour ce “café-croissant-ragot” matinal.


