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Politique

Lecornu devant l’Assemblée nationale : l’heure de vérité

Par Alexandre Foumangoye | Publié le 14/10/2025

Cette après-midi, le premier ministre Sébastien Lecornu va prononcer son discours de politique générale. Il le fera devant les députés de l’Assemblée Nationale. Un moment de vérité donc pour le locataire de Matignon, déjà sur un siège éjectable pour ses opposants.

Un discours de présentation… Ou d’adieu

Sébastien Lecornu ne doit pas beaucoup dormir la nuit depuis ces 2 semaines. En effet, il est propulsé sur le devant de la scène médiatique depuis sa 1ère nomination en tant que Premier ministre. Cela ressemble, depuis, plus à un cadeau empoisonné qu’autre chose pour lui. D’abord démissionnaire, le président Macron le reconduit dans ses fonctions vendredi dernier. Une sorte de prolongation pour le macroniste Lecornu qui exprime déjà ses doutes quant au fait de rester au poste si “les conditions n’étaient pas remplies”.

Alors le discours de présentation générale de cette après-midi peut déjà ressembler à un baroud d’honneur. Le discours de politique générale, c’est une déclaration officielle prononcée par le Premier ministre devant l’Assemblée nationale (et parfois le Sénat). Il se prononce au début d’un mandat ou après un remaniement important. Le discours de politique générale sert à présenter la feuille de route du gouvernement : les grandes orientations politiques (en l’occurrence ici l’économie). Mais également les réformes prioritaires et la vision globale de la majorité pour le pays.

Dans ce discours, il reviendra indubitablement la question de la réforme de la retraite. Lecornu évoque déjà le fait d’y lâcher un peu du leste lors de son premier mandat à la primature, il y a deux semaines. Le camp macroniste est même favorable à lâcher un peu de mou sur le sujet. “Il faut bouger clairement sur les retraites et j’espère que le Premier ministre le fera demain », a ainsi estimé lundi le député macroniste Charles Sitzenstuhl.

Une déclaration qui divise même dans le camp présidentiel, ou certains ne veulent pas y toucher. Beaucoup estimant que c’est l’héritage indélébile du mandat de Macron.

La clé est à gauche

Aujourd’hui, si tous les regards se tournent vers Lecornu : ils le sont encore plus vers le PS. « Nous demandons clairement la suspension immédiate et complète de la réforme » de 2023, adoptée sans vote au prix d’un recours au 49.3, a martelé lundi le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure.

Le choix des socialistes sera, en effet, décisif : leurs voix feront presque assurément pencher la balance de la censure, qui nécessite 289 voix. Une décision qui les replace dans l’échiquier politique en cette fin d’année. Les partis LFI et RN ont déjà déposé des motions de censure. Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon estimant que rien ne peut sortir de constructif de ce gouvernement.

S’ils sont adoptés au préalable lors du premier Conseil des ministres ce mardi matin, les projets de budget pour 2026 seront transmis par Sébastien Lecornu au Parlement où ils seront présentés in extremis pour permettre leur adoption d’ici le 31 décembre. Un compte à rebours “cardio” s’annonce alors pour le gouvernement, alors que l’instabilité politique est de plus en plus forte.

Lecornu a déjà renoncé à utiliser le 49-3, un signe de bonne foi qu’il veut utile au dialogue.