Le colonel Michael Randrianirina est investi aujourd’hui président de la refondation par la Haute Cour constitutionnelle. Une nouvelle étape dans l’escalade d’événements qui touche Madagascar.
Soulèvement populaire
Depuis le 25 septembre 2025, Madagascar est le théâtre de manifestations qui secouent tout le pays. En effet, un collectif nommé la “Gen Z” protestent dans les rues. En cause, le manque d’électricité et d’eau qui touchent le pays. Des problématiques graves qui touchent le pays depuis des années. Andry Rajoelina, président de la République depuis 2019, est souvent accusé par le peuple de corruption, clientélisme et de laisser le peuple mourir de faim.
Les manifestants prennent donc l’assaut des grandes villes comme Antananarivo ou encore Toamasina. Les revendications sont simples : la fin du régime répressif de Rajoelina, un pouvoir décentralisé, l’eau et l’électricité pour tout le monde. Le collectif “Gen Z” réclame également « le lancement d’un dialogue national démocratique » et « l’accès universel aux services essentiels », de l’eau à l’emploi. Des manifestations qui se soldent dans le sang. 22 personnes trouvent la mort dans ces manifestations depuis le 13 octobre.
Le, désormais, ex-président Rajoelina, aujourd’hui en fuite, fait une allocution télévisée le 13 octobre dans laquelle il dit que tout ceci n’est qu’une “tentative de coup d’État et qu’on a essayé de l’assassiner”. Le 14 octobre, les députés de l’Assemblée nationale se réunissent pour voter l’empêchement du président de la République. Le président Rajoelina réplique en dissolvant l’Assemblée nationale, à distance. La dissolution est considérée comme caduque. La séance d’empêchement à l’Assemblée nationale reprend et les députés votent, finalement, la destitution du président à 130 voix sur 131.
Une armée fracturée
Dans le même temps, une partie de l’armée décide d’arrêter de tirer sur les populations. Une faction de l’armée de terre, le CAPSAT – soit le corps d’administration des personnes et des services de l’Armée de terre, la même unité qui avait conduit le coup d’État de 2009 – se mutine. Elle se joint à la Gen Z et les protège contre les autres factions de l’armée. La même CAPSAT qui amène au pouvoir Rajoelina en 2009 lors de son premier mandat.
D’un commun accord avec l’Assemblée, l’armée prend possession du Palais d’Ambotsirohitra (palais présidentiel). La constitution est respectée. Mais l’armée se fracture profondément. La CAPSAT, avec à sa tête, Randrianirina se rangent du côté du peuple, mais certaines fractions de l’armée sont encore loyalistes à Rajoelina. Les tensions montent dans les casernes. Sur les réseaux sociaux, des visages de militaires ayant tiré sur des innocents se diffusent et beaucoup sont recherchés par la population pour une justice populaire. Des soldats de la CAPSAT dans des vidéos réprimandent leurs collègues à l’intérieur des casernes.
À l’international, la France condamne la situation. Elle ne reconnaît, cependant pas avoir évacué, par avion, Rajoelina et sa famille. L’Union Africaine prend la décision d’exclure Madagascar de l’Union suite à la situation.
Jeu, set et match
Michael Randrianirina, cette semaine, a appelé les militaires à refuser “d’être rémunérés pour tirer sur nos amis, nos frères, nos sœurs”. Il a pris le pouvoir avec l’armée suite à cela. Ce matin, il a prêté serment devant les juges de la Haute Cour constitutionnelle du pays. Il a été décoré de la “Grande Croix de première classe de l’Ordre National”. Il est désormais Président de la Refondation de la République de Madagascar.
Une situation similaire qui n’est pas sans rappeler ce qui s’est passé dans d’autres pays africains. Tels que le Gabon en 2023, ou encore le Burkina Faso, le Mali ou le Niger.