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Politique

Trump, l’humiliation comme stratégie diplomatique

Par Alexandre Foumangoye | Publié le 16/10/2025

Peu de personnes ont pu manquer la poignée de main entre Donald Trump et Emmanuel Macron à la conférence pour la paix en Egypte ce lundi 13 octobre à Charm el-Cheikh. Ces poignées de mains, devenues célèbres depuis 2016, montrent une communication politique pour vouloir imposer sa force à son homologue. Si ces séquences sont devenues risibles aujourd’hui, elles sont devenues un vrai atout dans la politique de Trump. Humiliation et soumettre son prochain.

Un passif historique

Si le monde découvre depuis 2016, puis 2024 la politique du président américain Trump, il n’est pas le premier à utiliser l’intimidation comme arme. Lyndon B. Johnson, président américain de 1963 à 1969, était connu pour effectuer le fameux : “Johnson Treatment”. La chroniqueuse Mary McGrory le décrit comme un mélange incroyable de “persuasion, de harcèlement, de flatterie, de menaces, de rappels de faveurs passées et d’avantages futurs ». Sa technique consistait à utiliser sa stature imposante (1m93) et sa personnalité envahissante pour intimider, convaincre ou déstabiliser ses interlocuteurs. Qu’il s’agisse de sénateurs, de diplomates ou même de journalistes. Il se rapprochait très près des gens, les regardait de haut, les coinçait parfois contre un mur ou une table. Le tout en leur parlant d’une voix basse, mais ferme.

Pour prendre un exemple plus proche, le Président de Gaulle n’hésitait pas à utiliser également sa taille pour imposer ses idées. Général de guerre, libérateur de la France contre l’Allemagne Nazie, De Gaulle utilisait bien peu son verbe pour faire passer ses messages. Certains témoins disaient même qu’en réunion, « on avait l’impression qu’il dominait la pièce sans effort ».

Si Donald Trump est loin de ces deux hommes en termes de stature, il n’hésite quand même pas à utiliser son mètre 90 et son bagout naturel pour s’imposer. Parfois, au grand dam de ses interlocuteurs. Car si les illustres personnages précédemment cités se distinguaient par leurs idées, Donald Trump donne l’impression qu’il fait tout cela pour nourrir son egotrip. C’est-à-dire, un acte ou une démarche qui améliore ou satisfait son égo.

Une stratégie diplomatique bien huilée

Car si tous ses stratagèmes sont utilisés, c’est aussi pour nourrir un narratif : celui de “l‘homme fort” ou de l’homme providentiel. Dans un pays comme les Etats-Unis ou le capitalisme est le maître, ou le fort domine le faible et ou chacun doit se débrouiller pour réussir. Trump arrive là, avec une histoire presque hollywoodienne. Après un mandat de Joe Biden marqué par ses nombreux soucis de santé, ses absences chroniques, et son cancer, Trump veut redorer l’image d’un chef présent pour son peuple et surtout capable de le défendre à l’extérieur.

Si ça peut trahir un grand manque de confiance, cela importe au chef de l’État américain. Il n’hésite pas à être cassant, insultant voire humiliant envers les politiques.

Trump pousse le bouchon encore plus loin et pousse les frasques même à l’international. Au-delà de la poignée de main “virile” avec Emmanuel Macron qui dura près d’une minute 30, le pire reste avec le Premier ministre britannique. Feignant de le ramener sur le pupitre à la conférence en Egypte pour qu’il puisse s’exprimer, Donald Trump appela Keir Starmer pour le féliciter d’être venu à la conférence et lui dira gentiment de repartir à sa place. Un épisode qui laisse de glace Starmer et les délégations sur place mais qui finalement ne laisse plus place à la surprise, tant ils sont habitués à ce genre de non-événements désormais.

Dernier élément en date : le 18 août 2025. Le président Trump fait asseoir sept dirigeants européens, Volodymyr Zelensky et des membres de l’OTAN devant son bureau. Tandis que lui y est derrière. Le tableau est saisissant. Saissant que l’on voit là une démonstration de force et domination voulue par Trump sur ses homologues étrangers.

Conséquences de cette politique

Si les causes d’une telle politique peuvent être fructueuses par moment sur un plan communicationnelle, cela peut aussi s’avérer désastreux. Aujourd’hui, pour la plupart, Donald Trump est vu de manière risible, passant même pour un enfant impoli. D’autres le voient comme un bully (brut en anglais), ce qui peut compromettre le dialogue ou la discussion. De la micro-humiliation comme enlever la photo de Joe Biden des présidents passés à la Maison Blanche et la remplacer par un scanner pour détecter les cancers. Comme insulter l’ancien président de “fils de p***” à un dîner d’État.

Le parallèle avec ses prédécesseurs est inévitable. Beaucoup regrettent la classe du président Barack Obama, ou le charme d’un Bill Clinton.