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Presse

Presse en Péril : La bande à Moretto (5)

Par Sarah Hellec | Publié le 18/09/2025

Jean-Pierre Roger, ancien directeur du groupe, a engagé depuis six mois une procédure pénale pour fraude visant Moretto et son équipe. L’affaire a déjà été retardée, les mis en cause ayant réussi à repousser les audiences en ne se présentant pas. Mais dans les prochains jours, de nouvelles informations sur l’avancée de la procédure devraient enfin émerger, et nous vous partagerons les avancées.

Des manœuvres suspectes autour de France Entreprendre

Les dernières nouvelles de Moretto ? Le 1er avril 2025, France Media Groupe, dirigé par Moretto, a déposé France Entreprendre. Il a ensuite nommé France Media Groupe en dirigeant le 25 avril. Un nom qui n’est pas sans vous rappeler le magazine Entreprendre… Dont Moretto fait partie des acteurs ayant participé à sa chute en 2024.

Plus suspect encore, Moretto a nommé David Oudjani en tant que président du groupe Entreprendre le 23 avril 2025. Soit deux jours seulement avant d’avoir déposé France Entreprendre. Le siège social de Entreprendre a, lui aussi, été modifié ! Le 24 mars 2025, il est déplacé de Boulogne Billancourt à Paris 17, où sont domiciliées toutes les entreprises de Moretto. Encore une fois, on retrouve le système Moretto : il place Oudjani en président de façade sur toutes les entreprises qu’il a fait couler.

Enfin, le 2 septembre dernier, Moretto a franchi une nouvelle étape. Dans un communiqué, il s’est targué d’avoir repris les titres de Cayola Médias en lançant France Media Business, une société créee en mai 2025… Avec un capital d’un euro symbolique, comme toutes ses précédentes structures-écrans. Derrière ce schéma désormais bien rodé, toujours le même scénario. Récupérer des maquettes rattachées à une entreprise en liquidation, détouner les titres, puis laisser la société sombrer.

Le cadre légal et les risques

Or, le droit français est clair ! Une entreprise placée en liquidation judiciaire, pas plus que ses dirigeants, ne peut céder de titres tant que l’activité se poursuit. Seul le liquidateur judiciaire détient l’autorité pour organiser la cession des actifs, dans l’intérêt des créanciers. Le Code de commerce va plus loin. Il qualifie le détournement d’actifs en liquidation de banqueroute (art. L.654-2), un délit lourdement sanctionné. Et l’article L.642-3 interdit formellement au liquidant, à ses dirigeants ou à leurs proches de racheter des actifs durant la procédure. En clair, ces montages ne relèvent pas d’une stratégie de relance… Mais d’une mécanique de prédation répétée à l’infini par Moretto et ses associés.

Qui sont Moretto et Baylé ?

Si Baylé a réussi à devenir un fantôme, que même ses propres salariés ne pouvaient apercevoir dans les locaux, Moretto s’est fait connaitre de la scène médiatique il y a des années. Ancien Paparazzo, il a été condamné en 2015 pour avoir piraté les messageries portables de stars françaises.

Il se lance dans l’édition en rachetant France Quotidien, pour en faire de la presse people low cost. Pour se diversifier, il élabore ensuite une arnaque pour plagier le magazine Légende en sortant un titre “Sport et collection” et en copiant la Une, tout en créant la société “Sopred” (en référence à SoPress). La matinale de France Inter lui a par ailleurs consacré une chronique en 2023 : « L’arnaque faite à la revue Légendes ».

Pour Eric Baylé, bien qu’introuvable, on peut toutefois lui laisser le mérite d’avoir été interdit de gestion, direction ou d’administration d’entreprises pendant 10 ans par la cour d’appel de Versailles en 2012. Apparemment, pas assez longtemps pour l’empêcher de recommencer après quelques années dans l’ombre.

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