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DécarbonationTransition énergétique

Vicat : un groupe qui tranche dans le dur, question transition énergétique

Par Alain Gabriel | Publié le 16/06/2025

Créé en 1853, Vicat est un groupe cimentier fruit d’une histoire familiale forte de plusieurs générations. Aujourd’hui, le groupe est coté sur le marché Euronext Paris (membre de l’indice SBF 120) et est majoritairement contrôlé par la famille fondatrice. Un groupe également engagé sur le volet de la transition énergétique et d’un enjeu majeur : la décarbonation des cimenteries. Rencontre avec Eric Bourdon, directeur général adjoint en charge de l’innovation et de la performance industrielle et Chief Climate Officer.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le rayonnement de l’entreprise ?

EB : « Oui, nous sommes engagés sur une trajectoire visant la neutralité carbone sur l’ensemble de notre chaîne de valeur d’ici à 2050. Nous exerçons aujourd’hui trois métiers principaux que sont le Ciment, le Béton Prêt à l’Emploi (BPE) et les Granulats, ainsi que des activités complémentaires à ces métiers de base (second œuvre, activités de services comme le transport, la gestion des grands travaux ou des activités innovantes comme l’impression 3D de béton). Présent dans 12 pays, développés et émergents, Vicat emploie près de 10 000 personnes et a réalisé un chiffre d’affaires consolidé de 3 884 milliards d’euros en 2024 ».

Comment mesurez-vous l’impact environnemental de vos produits et solutions ?

EB : « Actuellement, il est possible de calculer l’empreinte carbone de chaque tonne de béton. Il faut savoir que la production de ciment est génératrice d’émissions de CO2, en particulier au moment de la cuisson du calcaire, présent dans le ciment. Vicat s’est fixé pour objectif de réduire à moins de 497 kilos de CO2 par tonne de ciment en 2030, soit une réduction de 25% par rapport à 2015, et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 sur toute sa chaîne de valeur ».

Quels sont les principaux leviers de décarbonation sur lesquels Vicat a déjà agi ?

EB : « Nous avons d’abord optimisé nos équipements, ce qui nous a permis d’optimiser notre performance énergétique et donc de réduire nos émissions carbone. Autre levier : la défossilisation de nos process industriels Nous remplaçons progressivement les combustibles fossiles par des alternatives locales et durables. Cette transition complexifie nos opérations, mais elle est essentielle pour réduire notre empreinte carbone. Nous utilisons des combustibles issus des territoires, tout en respectant des normes strictes en matière d’émissions.

Ceci va dans le même temps dans le sens d’une économie circulaire qui profite à tous en termes de d’emplois et de création de valeur localement. Les cimenteries Xeuilley (France) et Reuchenette (Suisse) sont déjà de manière permanente à 100% de substitution. Enfin, troisième levier de décarbonation : la réduction du taux de clinker dans le ciment qui génère beaucoup de CO2 lors de la décarbonatation du calcaire. On va par exemple aller substituer une partie de ce clinker par l’argile activée thermiquement à moindre température et qui contient très peu de calcaire. C’est le cas du projet Argilor sur notre cimenterie de Xeuilley (54). On peut aussi miser sur la pouzzolane naturelle ou enfin le biochar (un amendement du sol produit par pyrolyse de biomasse) composant du ciment Carat à empreinte carbonégative.

Force est de constater que ces trois leviers sont accessibles et rentables, permettant de réaliser des économies et des produits bas en CO2. Il reste toujours ce qu’on appelle le CO2 ultime et qui donne lieu à deux projets en cours, dont VAIA ».

En quoi consiste le projet VAIA ?

EB : « C’est un projet qui va permettre de capturer et séquestrer 1,2 million de tonnes de CO₂ par an sur le site de Montalieu-Vercieu (Isère). Faisant ainsi de cette cimenterie la première en France à atteindre un tel niveau de performance environnementale. Il repose sur une collaboration avec plusieurs partenaires industriels experts :

  • SPSE, pour le transport du CO₂ et la reconversion d’un pipeline en carboduc,
  • Elengy, pour la liquéfaction du CO₂, RTE, pour la fourniture d’énergie sur les sites de captage et de liquéfaction,
  • ENI, pour le stockage géologique du CO₂.

Au-delà de la décarbonation de l’industrie cimentière, Vicat, avec VAIA, développe l’attractivité socio-économique de son territoire et une industrie neutre en carbone. Il est anticipé la création de 1 000 emplois pendant la phase de travaux. Et plus de 30 emplois pérennes pendant l’exploitation.  Ce projet est fondateur en ce sens où il va permettre à terme de décarboner toute la vallée du Rhône. Actuellement, la phase de concertation publique a été lancée sous le nom de projet global « Rhône décarbonation ». Elle devrait prendre fin cet été pour un lancement opérationnel à horizon 2030 ».

Quels sont vos futurs enjeux ?

EB : « Il faut déployer des mesures pour encadrer et protéger le marché européen et français. Ceci afin de pouvoir généraliser l’utilisation de nos produits bas carbone dans le secteur de la construction. Aujourd’hui, ils sont déjà utilisés sur certains chantiers. Il faut convaincre nos clients de l’importance de construire avec des matériaux durables. Outre Argilor, VAIA et le démarrage d’un gros investissement au Sénégal, Vicat participe au chantier du TELT. Vaia fournit les bétons utilisés sur les chantiers et valorise et transorme en ciment une partie des terres excavées. Ce dernier met à l’oeuvre 200 emplois directs et 2 000 indirects ! »

Pour plus d’informations sur Vicat :

www.vicat.fr

4 Rue Aristide Bergès – Les Trois Vallons 

38080 L’Isle d’Abeau

Tél : 04 74 27 59 00