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Tim Berners-Lee, l’homme qui a radicalement changé nos vies

Par Benoît Morin | Publié le 21/09/2025

Lorsque l’on pense aux pionniers du numérique, les noms qui viennent le plus rapidement à l’esprit sont ceux de Steve Jobs, Mark Zuckerberg ou encore Peter Thiel. On pourrait facilement y ajouter Larry Page et Sergey Brin, ou plus récemment le fondateur d’OpenAI Sam Altman. Mais aucune de leur avancée n’aurait été seulement possible sans le travail d’un homme : Tim Berners-Lee.

L’inventeur à l’origine des avancées de tous les autres

Avec les réseaux sociaux, Mark Zuckerberg a changé nos façons de communiquer. Peter Thiel en a fait de même pour les paiements avec PayPal et Jeff Bezos pour le commerce. Google a révolutionné notre manière de rechercher l’information, et dès aujourd’hui nous pouvons mesurer que l’IA générative va changer nos vies en profondeur, tant dans notre travail que dans quotidien. Toutes ces entreprises, Meta (Facebook), Amazon, Google ou OpenAI, malgré leur différences, s’appuient néanmoins sur un socle commun, qui nous paraît si évident que nous peinons presque à le nommer : Internet. Et cette technologie est avant tout l’invention de Tim Berners-Lee.

Comment est né l’Internet que nous connaissons et utilisons tous quotidiennement ? Comment est-on passé d’un réseau de communication conçu par les Américains durant la Guerre Froide pour lutter contre une offensive, alors plausible, des blindés du Pacte de Varsovie au formidable réseau d’aujourd’hui ? 

La naissance du web

Cela tient pour beaucoup à la vision de Tim Berners-Lee. Depuis les années 80, en 1980 d’abord puis à partir de 1984, ce Britannique travaille à l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN), et constate tout en le déplorant le manque de communication entre les scientifiques travaillant sur les différents programmes de recherche, tant au sein du CERN que dans d’autres institutions académiques. Le réseau interne comme l’ARPANET (Advanced Research Projects Agency Network, dérivé des systèmes de communication militaires) alors utilisé montrent des lacunes et, aux yeux de Tim Berners-Lee, cela entrave considérablement la recherche.

C’est pourquoi Tim Berners-Lee propose le 13 mars 1989 à son supérieur une nouvelle approche, dont le nom est en lui-même évocateur : Information Management: A Proposal (Gestion de l’information : Une proposition). Pour atteindre son objectif d’échange d’information via le partage de documents informatiques, Tim Berners-Lee a l’idée d’associer le principe de l’hypertexte à l’utilisation des réseaux ARPANET, ouvrant la possibilité d’une nouvelle façon de communiquer via des systèmes distribués pour des échanges instantanés.

En utilisant les possibilités de l’ordinateur NeXT du CERN et développant les trois principales technologies qui sont encore aujourd’hui le socle du Web ─ les adresses web (URL), l’Hypertext Transfer Protocol (HTTP) et l’Hypertext Markup Language (HTML) ─ ; Tim Berners-Lee affine cette intuition et il choisit en mai 1990 l’expression de World Wide Web pour son projet. Le 06 août 1991 voit l’aboutissement de son travail avec le lancement du tout premier site web.

Une vision profondément humaniste

Mais Tim Berners-Lee, qui quitte le CERN pour rejoindre le MIT en 1993 et lancera en 1994 sa première société, W3C ; n’est pas qu’un scientifique de génie : c’est aussi et surtout un homme profondément humaniste. Dès le lancement du premier site, destiné à permettre aux physiciens d’échanger des informations de minière fluide et instantanée, il explique à ses pairs comment créer leur propre page web et chercher les informations dont ils avaient besoin. Loin de la logique marchande de nombre de développeurs qui ont par la suite marché sur ses pas, il verse sa création dans le domaine public dès 1993.

D’aucuns considéreront d’ailleurs que c’est cette vision, fondée sur le partage de la connaissance pour améliorer le monde dans son ensemble, qui irriguera les premiers pas, marqués par une certaine forme d’idéalisme, des innovateurs de la Silicon Valley jusqu’au début du XXIème siècle. Son entreprise, le W3C (World Wide Web Consortium) a d’ailleurs pour ambition de développer un espace de partage pour tous basé sur l’interaction.

Au fil des ans, le Web est devenu l’infrastructure invisible qui permet l’émergence d’innombrables communautés, favorise l’accès à l’éducation, et facilite le dialogue entre cultures, générations et disciplines. L’influence de Tim Berners-Lee ne se limite donc ni à la sphère scientifique ni à la technique ou à l’économie : de par sa vision initiale, elle a également pesé sur notre rapport à la liberté d’expression et au progrès. Tim Berners-Lee a depuis lors poursuivi son engagement pour un internet ouvert et accessible à tous, où la technologie sert d’abord l’intérêt collectif et encourage la coopération. Et, alors que le Web évolue, la vision de Tim Berners-Lee, inclusive et porteuse de sens, doit plus que jamais questionner tous les utilisateurs de son invention, même s’ils ignorent que c’est à lui qu’ils la doivent.