Depuis 1891, l’ESTP est l’école leader de la construction au sens large (conception, construction, exploitation de bâtiments et d’infrastructures de génie civil). Elle forme 750 ingénieurs par an, et ce à l’aune grands enjeux sociétaux et environnementaux. Rencontre avec Joël Cuny, son Directeur général.
En quoi l’ESTP se distingue parmi les écoles d’ingénieurs françaises ?
J.C : « Nous sommes un établissement d’enseignement supérieur privé d’intérêt général, une des rares écoles post classe préparatoire et l’une des écoles à diplômer le plus d’ingénieurs en France. Les entreprises sont très présentes dans notre gouvernance. Notre offre de formation est dispensée dans un contexte international de transformation (transition écologique et climatique, révolution numérique). Grande école d’ingénieurs de la construction, c’est un ADN très fort ».
Quels sont selon vous les grands bouleversements technologiques qui redéfinissent aujourd’hui l’industrie et l’économie ?
J.C : « Je parlerais davantage de bouleversements sociétaux. Le monde de demain va imposer de mieux gérer les ressources, impliquant démarches circulaires et nouvelles conceptions de l’habitat et de la mobilité. Notre école doit répondre à la question de savoir comment intégrer ces enjeux dans la conception de la ville. L’amélioration des infrastructures, la performance du bâti, la question de la rénovation et de la réhabilitation : autant de sujets qu’il faut anticiper, d’autant plus que la France doit tenir l’engagement de neutralité carbone d’ici 2050. Et autant de changements où les ingénieurs auront un rôle clé à jouer. L’IA est aussi un sujet majeur avec la question de l’utilisation des data, dans un cadre éthique, au service de la performance et de l’amélioration du cadre de vie pour toutes et tous ».
Comment préparez-vous vos étudiants à devenir des acteurs clés de cette transformation technologique ?
J.C : « Avec une formation à la fois exigeante en termes scientifiques et généraliste (nombreux doubles diplômes possibles), l’ESTP prépare ses étudiants à appréhender et gérer la complexité, et à apporter des solutions innovantes. Nous avons développé un certain nombre d’options en lien avec la transformation numérique et l’IA, et projetons d’ouvrir le 1er institut de l’IA pour la construction en 2028 ».
Quels savoir-faire et compétences transversales jugez-vous essentiels pour les ingénieurs de demain ?
J.C : « Créativité, curiosité, capacité à penser out of the box,esprit collaboratif mais aussi à intégrer l’ensemble d’un projet et à forger des compétences managériales : les soft skills font partie intégrante de nos parcours transverses, car la plupart de nos ingénieurs sont amenés à manager des équipes multi-métiers et multiculturelles.
Comment vos formations s’adaptent-elles aux besoins concrets exprimés par les entreprises partenaires ?
J.C : « Grâce à un conseil de perfectionnement qui traite des sujets de formation et de l’évolution de nos diplômes, et à la forte présence des entreprises au sein de l’école qui permet de co-construire des modules et ainsi de former des professionnels opérationnels dès la sortie de l’école. L’école est aussi partie prenante de deux Campus des Métiers et Qualifications portant sur la ville verte et la rénovation du patrimoine bâti. Notre programme bachelor est lui aussi reconnu sur son marché, et nous organisons pour nos élèves ingénieurs de 2e année des hackathons impliquant nos entreprises partenaires. Nous collaborons également avec les collectivités, ce qui permet à nos élèves ingénieurs-architectes de travailler sur des sujets liés à la politique de la ville ».
Quelle place accordez-vous à l’innovation, à la recherche et à l’entrepreneuriat au sein de l’école ?
J.C : « Notre institut de recherche abrite différents laboratoires d’enseignement et recherche, et noue des partenariats avec les entreprises dans le cadre notamment de chaires d’enseignement et de recherche. Les deux dernières en date portent sur le jumeau numérique (avec Egis, Schneider Electric, SNCF Réseau, le BRGM, Bouygues et l’ENSAM) et le génie écologique (avec Eiffage, Vinci Construction et AgroParisTech). Nous accompagnons nos élèves ingénieurs dans l’entrepreneuriat via un parcours dédié de 3 ans et une option entrepreneuriat en 3e année ».
Comment préparez-vous des profils prêts pour des projets d’envergure et transformateurs ?
J.C : « L’accompagnement de nos étudiants par nos enseignants-chercheurs et nos entreprises partenaires est fondamental. Sur le plan de la formation continue, nous proposons plusieurs formations de Mastère Spécialisé, dans le domaine du management des entreprises de la construction ou de l’immobilier, de la maîtrise d’ouvrage et de la gestion immobilière ou de la construction bas carbone. Nous lançons cette année la 1re promotion du MS « Maîtrise d’œuvre en travaux de génie écologique » avec AgroParisTech. Cela représente 170 stagiaires formés chaque année ».
Enfin, quelles sont les ambitions de l’ESTP ?
J.C : « L’ESTP souhaite attirer encore plus d’élèves dans le secteur de l’ingénierie. D’ici 2030, nous devons former 900 ingénieurs par an. Nous devons donc nous repositionner, tout en gardant notre mission à impact et d’intérêt général. Nous venons d’ouvrir un nouveau campus à Aix-en-Provence ciblé travaux publics car nous devons aussi former dans les territoires. Renforcer l’hybridation des compétences fait aussi partie de notre feuille de route, comme en témoigne déjà notre bi-cursus ingénieur-architecte et architecte-ingénieur. Nous allons renforcer notre activité de recherche sur les grands axes que sont la construction durable, le numérique et les technologies innovantes, la gestion et la production d’énergie pour la ville, la résilience des infrastructures et le génie écologique ».
