Logo Business Times
HydrogèneTransition écologique

Sakowin : la deep-tech qui voit différemment la production d’hydrogène

Par Alain Gabriel | Publié le 16/06/2025

Aujourd’hui, l’hydrogène comme source d’énergie alternative ne fait plus débat. En revanche, ce qui le fait, c’est la manière de produire cette nouvelle source d’énergie. Ces dernières années, la technologie de l’électrolyse est largement plébiscitée en France comme en Europe et on a vu émerger le développement de nombreux projets. Une étape positive et augurant d’un bel avenir pour la filière hydrogène à ceci près que cette technologie a aussi ses limites. C’est justement forte de ce constat et de son expérience que la start-up Sakowin a développé une solution pour produire de l’hydrogène et répondre dans le même temps aux contraintes technico-économiques des industriels. Rencontre avec Pierre-Arnaud Sarda, directeur commercial et marketing de Sakowin.

Pouvez-vous nous rappeler le contexte dans lequel Sakowin a conçu son réacteur d’hydrogène à base de méthane ?

P-A.S : « La start-up est née en 2017 dans le contexte global de l’objectif de 0 émission CO2 à atteindre en 2050. Une obligation qui contraint les entreprises à réfléchir à des sources d’énergie alternative comme l’hydrogène. Sur le plan physique, depuis plus de 100 ans, faire passer de l’électricité dans de l’eau permet de produire de l’oxygène et de l’hydrogène. Autre manière d’en produire, le steam reforming qui consiste à faire passer du gaz dans la vapeur d’eau. Une technique qui génère du CO2. L’hydrogène est une solution très intéressante pour permettre aux industries de se décarboner à condition qu’il soit produit de manière soutenable. Dès lors, nous avons importé une technologie américaine d’électrolyse améliorée ».

Comme fonctionnait-t-elle ?

P-A.S : « Elle permettait de produire de l’hydrogène par électrolyse via la résonance de l’eau. L’enjeu étant de produire à des coûts compétitifs. Une technologie prometteuse sauf qu’un verrou technologique nous empêchait de passer à l’étape d’industrialisation ».

Justement, quels sont les critères pour produire de l’hydrogène de façon intelligente et pérenne ?

P-A.S : « L’hydrogène doit être produit sans émission de carbone à un coût énergétique faible. La technologie doit permettre une production de l’hydrogène en grande quantité. Enfin, la production d’hydrogène doit engendrer des coûts compétitifs ».

Du coup, comment avez-vous réorienté votre réflexion ?

P-A.S : « Pour produire de l’hydrogène, on doit casser une molécule. Il faut donc trouver la molécule qui aura le moins besoin d’énergie pour être cassée. On a ainsi identifié le méthane et de là, développé la solution la pyrolyse sans oxygène. Tout ceci via un plasma : la plasmalyse du méthane. Une technologie qui permet de produire de l’hydrogène et du carbone sous forme solide (poudre) ».

L’intérêt pour les entreprises est donc de réduire leurs coûts de production ?

P-A.S : « Oui, vous avez tout compris mais pas que ! L’hydrogène produit, va pouvoir être valorisé sur les marchés actuels et futurs à grands volumes. Pour information : 4 kilos de méthane produisent 1 kilo d’hydrogène et 3 kilos de carbone solide qui seront soit utilisés à la place d’un carbone aujourd’hui produit de manière fortement émettrice en CO2, soit revendus. ».

Quels sont les avantages de cette technologie innovante ?

P-A.S : « La plasmalyse du méthane par plasma micro-onde permet de produire de l’hydrogène décarboné à un coût compétitif, avec plusieurs avantages : un possible coût de production inférieur à celui du vaporeformage du méthane, l’opportunité de produire de l’hydrogène à la demande et sur site, à partir d’un approvisionnement en gaz naturel ou en bio-méthane, et enfin, une solution compacte et modulaire, qui s’intègre aux infrastructures gazières existantes et permet de produire de l’hydrogène à la demande, de quelques kg à plusieurs tonnes par jour ».

Aujourd’hui, où en êtes-vous de la commercialisation de cette solution ?

P-A.S : « Dès 2021, nous avons allumé notre 1er plasma avec une première levée de fonds. Nous avons également été par la suite lauréats de l’EIC Accelerator et lauréats de la BPI sous forme de deep-tech. Tout cela nous a permis de déployer notre module de 100 kilowatt et aujourd’hui, d’installer notre premier pilote industriel en Suisse. Nous avons une vingtaine de pilotes dans le pipe actuellement (notamment en Amérique du Nord et en Europe).

Nos clients naturels sont les clients qui aujourd’hui ne sont pas consommateurs d’hydrogène. Ceux sont des industriels qui brûlent du gaz, qui ne peuvent pas électrifier l’ensemble de leur processus et qui ont une volonté de réduire leurs émissions. L’essor à grande échelle de cette technologie de décarbonation du gaz naturel indispensable pour atteindre le Net Zero dépendra, en France comme en Europe, de la capacité des pouvoirs publics à adopter une approche ouverte et à garantir le respect du principe de neutralité technologique. ».

Pour plus d’informations sur Sakowin :

LinkedIn : Sakowin

Sakowin.com

Voir aussi : L’hydrogène, un levier de développement régional