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HydrogèneTransition énergétique

Mincatec Energy, une solution innovante de stockage solide de l’hydrogène 

Par Morgane Huby | Publié le 28/10/2025

Après avoir été longtemps perçu en France comme une solution idéale pour décarboner notre mix énergétique, l’hydrogène semble aujourd’hui susciter moins d’engouement auprès des décideurs, comme l’illustrent les récents échecs de certains projets. La technologie, mais également l’intérêt économique de l’hydrogène sont désormais questionnés. Mais pour Mincatec Energy, qui a développé une solution de stockage solide révolutionnaire, et son CEO Yann Genninasca, l’hydrogène reste un levier pour renouer avec une croissance souveraine et décarbonée ─ à condition de dépasser le dogmatisme.

Quelle est aujourd’hui la situation de l’écosystème hydrogène en France ?

Y.G. : « L’hydrogène connaît une situation paradoxale. L’arrêt, ou le retard, de certains projets a conduit à un moindre intérêt pour ce vecteur énergétique alors même qu’il est prouvé que l’hydrogène, de par ses multiples applications (mobilité, industrie ou encore équilibrage des réseaux électriques), participe à un mix énergétique plus souverain et décarboné. Pour preuve, les pays d’Asie ─ Chine, Corée et Japon principalement ─ misent massivement sur l’utilisation de l’hydrogène pour leur développement et, illustration supplémentaire de cet intérêt, la Chine a même récemment requalifié l’hydrogène en ressource énergétique. L’Europe apparaît comme en retard, souffrant à mon sens d’une trop forte exigence de performance immédiate, au mépris des temps nécessaire à la R&D et à l’industrialisation. Or, on ne peut structurer une filière en seulement quelques années… »

Quelle est la place de Mincatec Energy au sein de l’écosystème ?

Y.G. : « Il y a quelques années, alors que l’hydrogène devenait presque un sujet à la mode, un grand nombre de projets ont éclos. Schématiquement, trois axes, complémentaires, se sont dégagés. Le premier se concentrait sur la production d’hydrogène, le second sur son stockage et son transport, et le troisième sur son utilisation. Le second axe a été le parent pauvre ; et c’est donc sur ce dernier que Mincatec Energy s’est alors concentré ─ en rencontrant à l’époque un certain scepticisme, tant cet angle semblait moins prometteur. Nous avions pour volonté d’apporter une solution concrète, en nous fixant un cahier des charges exigeant pour répondre aux besoins réels du marché ».

Pouvez-vous nous en dire plus ?

Y.G. : « Soyons clairs : nous sommes convaincus que l’hydrogène peut être une réponse aux problématiques de transition et de souveraineté énergétique ─ et, siégeant au board de l’International Hydrogen Fuel Cell Association (IHFCA), je peux observer ce qui se fait en Asie et constater que nous ne sommes pas les seuls… ─, mais pour ce faire son utilisation doit être rentable et performante, ce qui implique un stockage sûr et aisément déployable dans tous les usages.

Nous nous sommes donc imposé un grand nombre de contraintes, et le résultat de nos travaux de R&D s’est révélé plus performant que nous ne l’aurions espéré, ouvrant des perspectives que nous ne soupçonnions pas pour des usages liés à la mobilité comme au stationnaire. Nous avons financée sur fonds propres la R&D et breveté notre technologie avant de réaliser une levée de fonds pour l’industrialisation.

Il existe, de manière schématique, trois façons de stocker l’hydrogène, à l’état gazeux, liquide ou solide. L’état gazeux, en plus de son encombrement, induit un risque d’explosion et une importante déperdition d’énergie pour compresser l’hydrogène (350 bars – 700 bars). L’état liquide induit des contraintes de très basses température (-253°C), et est donc également énergivore. Le stockage solide est donc plus pertinent et Mincatec Energy a fait le choix de recourir aux hydrures métalliques, résolvant de fait ces problématiques ». 

Qu’en est-il des atouts de votre approche, et des applications de votre technologie ? 

Y.G. : « Nous avons pour ambition d’apporter une solution performante et répondant aux besoins concrets, qui doit donc intégrer les contraintes liées aux usages. La sécurité est ainsi un sujet primordial, auquel répond notre réservoir car le stockage solide via les hydrures métalliques est stable, et nos produits ne connaissent pas de déperditions grâce à leur étanchéité quasi-totale (perte de seulement 2 grammes par an, réservoir non ATEX). Nos réservoirs, en plus de leurs performances intrinsèques, apportent des gains en termes de CAPEX et OPEX, paramètres essentiels pour des utilisations industrielles.

Maîtrise thermique et conception durable

Nous avons également beaucoup travaillé sur la gestion thermique : alors même que le refroidissement est un des enjeux principaux, notre réservoir produit du froid à la désorption, et participe donc au refroidissement des machines, ce qui permet de déployer nos réservoirs pour nombre d’usages. Nous avons conçu nos produits de manière recyclable, à partir de matériaux se trouvant en Europe pour une plus complète souveraineté ; et modulaire pour s’adapter à tous les contextes. Notre seule « faiblesse » réside aujourd’hui dans le poids, notre réservoir étant plus lourd que les solutions de stockage gazeux, mais cela reste un handicap très faible au regard de ses atouts.

Applications dans la mobilité

En mobilité, nous pouvons utiliser nos réservoirs pour accompagner l’installation de moteurs à hydrogène dans les domaines maritimes (et nos réservoirs pourraient permettre de réduire l’espace dédié au lestage des navires) ou ferroviaires. Nous travaillons également pour les utilisations routières, mais force est de constater que les entreprises européennes ont pris un retard considérable par rapport aux constructeurs asiatiques ─ raison pour laquelle le marché international est pour nous essentiel.

Un rôle clé dans la transition énergétique

La transition énergétique suppose par ailleurs une plus grande utilisation des énergies renouvelables, mais ces dernières souffrent d’un caractère intermittent, au contraire des besoins. En permettant de stocker puis de restituer de grandes quantités d’énergie, nos réservoirs peuvent participer à l’équilibrage des réseaux électriques via l’utilisation de l’hydrogène. Mais notre principal débouché reste le stationnaire, l’industrie ; et c’est ici que les performances de nos produits trouvent tout leur sens, apportant des solutions moins coûteuses, plus efficaces d’un point technique et répondant aux contraintes de sécurité. »  

Comment envisagez-vous l’avenir de Mincatec Energy ?

Y.G. : « Nous venons d’achever tous les processus de certifications de notre réservoir, et notre première usine ouvrira ses portes à Belfort en novembre 2025. Nous comptons tirer profit des enseignements de ce passage au stade industriel pour ouvrir d’autres lignes de productions par la suite, en Europe ou ailleurs en fonction des opportunités. D’une manière générale, j’estime que l’hydrogène est un levier pour réindustrialiser l’Europe, ne pas nous laisser distancer par d’autres parties du monde et répondre aux défis que pose le changement climatique ─ ce qui rend à mon sens primordial l’approche internationale ─ ; mais aussi que le développement de la filière impose de se détacher du dogmatisme en adoptant une posture pragmatique et scientifique. C’est d’ailleurs pour cela que Mincatec Energy poursuit son travail de R&D, et travaille dès à présent sur de nouveaux projets très innovants, pour encore améliorer ses solutions ».  

Plus d’infos : 

Site : www.mincatec-energy.com  

Mail : yann.genninasca@mincatec.com 

LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/mincatec-energy