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Aurora Energy Research : quand la data éclaire la transition énergétique

Par Morgane Huby | Publié le 19/10/2025

Fondée en 2013 par des chercheurs de l’Université d’Oxford, Aurora Energy Research s’est imposée en quelques années comme l’un des leaders mondiaux de l’intelligence de marché dans le secteur de l’énergie. Forte de plus de 1000 collaborateurs partout dans le monde, la société fournit aux investisseurs, aux industriels et aux décideurs publics des analyses et des prévisions sur les marchés de l’électricité, du stockage, de l’hydrogène ou encore du carbone. En combinant puissance de modélisation et expertise économique, Aurora aide ses clients à naviguer dans les incertitudes d’une transition énergétique en pleine accélération. Rencontre avec Pierre Dennery, Directeur Général d’Aurora Energy Research en France. 

Quels types de clients accompagnez-vous ?

P.D : « Historiquement, nous travaillons avec des développeurs de projets – des plus petits aux plus grands comme EDF, ENGIE ou TotalEnergies – qui cherchent à construire de nouvelles centrales, fossiles ou renouvelables, et à les financer. Ils ont besoin d’estimer les revenus futurs de leurs projets sur le long terme. Lorsqu’ils cherchent à lever du financement, les banques les incitent à passer par nous afin que nous garantissions la solidité de leur business plan. Nous travaillons en outre avec les consommateurs d’électricité pour définir leur stratégie d’achat de l’électricité à long terme ou négocier des contrats d’achat sur de longues durées. Enfin, on collabore aussi avec les acteurs gouvernementaux. Par exemple, nos prévisions sont utilisées par la BPI dans le cadre de son fonds de garantie des PPA (contrat d’achat d’électricité de long terme) ». 

Comment les tendances que vous observez influencent-elles les prix pour les grands consommateurs, et quelles stratégies peuvent aider les PME à se protéger contre ces fluctuations ?

P.D : « Les grands consommateurs doivent composer avec plus d’imprévisibilité. Avec la fin de l’ARENH, ils ont besoin de réfléchir à de nouvelles stratégies de d’achat des produits de plus ou moins long terme. Beaucoup se reportent sur le marché forward (marché à terme à moyenne échéance), un segment des marchés financiers et de l’énergie où l’on négocie aujourd’hui un prix pour une livraison future d’un actif (matière première, devise, électricité, etc.), ou sur des contrats de gré à gré de plus long terme. C’est donc une assurance contre la volatilité : on sécurise un prix et permet une planification à long terme. Le spot (qui s’échange le jour pour le lendemain), est plus opportuniste, permettant de profiter des prix bas mais exposant au risque de fluctuations importantes.

Concernant la hausse du coût du fossile, je dirais qu’elle est derrière nous. Mais les consommateurs ont vu que les prix pouvaient s’envoler et qu’ils devaient sécuriser leur approvisionnement, d’où le recours au PPA, outil clé de la transition énergétique, car permettant de financer des projets renouvelables tout en offrant une visibilité économique aux entreprises consommatrices ». 

Quelle est la problématique sur le solaire ?

P.D : « Il y a un décalage entre l’offre et la demande. Le coût du renouvelable pour le producteur est plus élevé que la valeur de l’électricité vendue. Un MWh solaire vaut environ 40 euros en moyenne sur le marché spot. Aucun développeur ne peut le vendre à ce prix ! Autre problématique, en cas de surproduction : si la centrale produit plus que la consommation prévue, le client ne peut pas toujours consommer cet excédent. Il doit revendre l’électricité sur le marché spot, parfois à un prix négatif». 

Quelles sont vos préconisations pour changer la donne ?

P.D : « L’objectif, c’est de décarboner et réduire notre dépendance énergétique tout en garantissant la compétitivité de nos industries. Le développement des énergies bas carbone (renouvelables et nucléaire) contribue à cet objectif mais n’est pas suffisant. Il faut que la demande suive. Pour cela, nous avons besoin à la fois d’investissements dans l’électrification des usages (par exemple le remplacement du parc automobile thermique par de l’électrique) et dans la flexibilisation de ces mêmes usages pour tirer profit des moments de surabondance d’électricité. Et pour investir, les acteurs économiques ont besoin de visibilité, on y revient à nouveau.

Cette visibilité peut prendre plusieurs formes : contrats d’allocation de production nucléaire, garanties sur les PPAs, réforme des tarifs heures creuses heures pleines, etc. Il y a aussi des choix politiques qui peuvent être faits pour favoriser les consommateurs qui ont des usages productifs, en faisant porter davantage de coûts – taxes et frais réseau – par les consommateurs non-productifs. Prises ensemble, ces mesures devraient permettre un effet baissier sur les prix pour les industriels ». 

Comment convaincre de passer par vous ?

P.D : « Nos services répondent à trois cas d’usage : la définition d’une stratégie d’achat, la négociation de contrats, ou si vous réfléchissez à des investissements dans de nouveaux équipements électriques de consommation, de production ou de stockage d’électricité sur site. Autant de décisions de long terme où il est crucial de pouvoir s’appuyer sur des données pertinentes ». 

Pour plus d’informations : 

www.auroraer.com